http://rebellyon.info/article1160.html
Dans le cadre de notre histoire occultée, des massacres racistes de tirailleurs sénégalais ont été voulus par la France. À l’entrée nord de Lyon, les 19 et 20 juin 1940, appelés délibérement là où le combat était perdu d’avance, ils ont été férocement tués par les Allemands. À Thiaroye, c’est carrément l’armée française qui les a abattus dans la nuit du 1er au 2 décembre 1944.
Dans l’histoire de la deuxième guerre mondiale, l’histoire des « tirailleurs sénégalais » n’existe pas, alors que leur action a été
déterminante. Absente des manuels scolaires, rien ou presque rien ne témoigne de la présence déterminante de l’Afrique dans la libération de la France. C’est en Afrique que de Gaulle organise la résistance et, vu le peu de soutien de ses compatriotes, c’est sur le sol africain qu’il finit par trouver la plus grande partie de l’armée française de libération.
Mais, comme dans de nombreux domaines, la France a encore fait le choix de la falsification historique.
L’enrôlement des Africains dans l’armée française
Si le premier bataillon des « tirailleurs sénégalais » a été formé à Saint-Louis-du-Sénégal, la majorité des soldats ne sont pas originaires du Sénégal. On y trouve aussi des originaires du Mali, du Burkina Faso, du Tchad, du Soudan, de la République Centrafricaine, d’Afrique de l’ouest et du nord...
La France utilisait bien des fois des méthodes barbares pour enrôler les Africains. Charles Onana , dans son livre La France et ses Tirailleurs , cite le témoignage d’Ateba Yene : « Dans les villages, la mission ambulante de mobilisation forcée faisait rage. Les indigènes à la carrure d’athlète étaient ramassés et attachés par une corde autour des reins avec comme lieu de destination la boucherie nazie.
Les missionnaires catholiques, eux aussi, jouèrent un rôle très important et ne furent pas inactifs. L’évêque français, Monseigneur Graffin [1] , en 1941, avec la connivence d’un administrateur cerbère nommé Salin, organisa une rafle ignominieuse au sortir d’une grand-messe à la mission catholique de Mvolyé, la seule église qui accueillait tous les fidèles de
Yaoundé. A la sortie de la messe, l’église était cernée par un cordon de soldats mitraillettes aux poings. Ces fidèles furent embarqués sans ménagement dans des camions militaires... »
Nombre d’Africains ont donc ainsi été enrôlés de force dans l’armée française.
Elle est bien connue cette marque de cacao : elle se sert, de façon indigne, de l’imagerie du “tirailleur sénégalais”, horriblement insultante et méprisante pour les Africains.
Bel ouvrage que le colonialisme !
Lorsque commence la seconde guerre mondiale, entre 1939 et juin 1940 ils sont 100 000 à être enrôlés dans les colonies pour venir défendre la métropole. Huit régiments de “tirailleurs sénégalais” prennent part à la campagne de France. Entre le 10 mai et le 25 juin 1940 près d’un sur quatre de ces « tirailleurs » furent tués ou massacrés. Ils furent souvent tués à l’arrière des combats dans des conditions atroces, et furent ainsi parmi les premières victimes sur le sol français du racisme nazi.
Abandonnées dans la débâcle, décimées lors d’exécutions sommaires, ces troupes coloniales remplirent les camps de prisonniers des nazis. Il y en aurait eu 42 000 rien qu’en France. Les forces de la France Libre se reconstituèrent en Afrique entre autres sous l’égide du gouverneur Félix Éboué. Tous n’étaient pas volontaires, loin de là, mais la moitié des troupes françaises qui débarquèrent en Provence avait été recrutée dans les colonies. La division Leclerc elle-même était en grande partie constituée d’Africains (et de républicains espagnols).
Massacre dans un combat "pour l’honneur" au nord de Lyon, les 19 et 20 juin 1940
Le 18 juin 1940, de Londres, le général de Gaulle prononce son fameux appel. Mais, le 19, les Allemands se rapprochent de Lyon, c’est la confusion gouvernementale complète, la situation est désespérée et ce n’est pas pour rien que l’armée française place aux entrées nord de Lyon le 25ème régiment de Tirailleurs Sénégalais, évitant ainsi aux Français le maximum de pertes. Il comprend, outre quelques gradés français, surtout des Africains, notamment Soudanais et Sénégalais. Les officiers savent que ce sera un combat perdu et parlent eux-mêmes de "combat pour l’honneur".
Dans son secteur, dont la vingtaine de kilomètres de front dépasse largement ses moyens, le colonel commandant le 25e RTS a placé deux bataillons, selon les ordres reçus de son supérieur, sur "la ligne générale Curis, Saint-Germain-au-Mont-d’Or, Chasselay, Marcilly-d’Azergues, Lozanne, L’Arbresle" et s’est gardé une faible réserve à hauteur de Champagne-au-Mont-d’Or où il a installé son PC. Mais ces ordres précisent en outre : « En cas d’attaque, tenir tous les points d’appui sans esprit de recul, même débordé. Conserver à tout prix l’intervalle Saône-Azergues par où passe la N 6. » On le voit, au besoin, se faire tuer sur place.
La bataille fait rage ce 19 juin dès 9h30, et particulièrement à Chasselay, devant le couvent de Montluzin, submergé par les Allemands vers 16h. Le 20 juin, près de la montée de Champagne, 27 d’entre eux sont fusillés alignés contre un mur au bas de la montée de Balmont ; au lieu dit "Vide-Sac", tous les Africains sont hachés à la mitrailleuse et au canon des chars allemands. Les blindés écrasent de leurs chenilles les morts et les agonisants. Partout, par racisme, les nazis font la chasse
aux Africains pour les abattre, y compris les prisonniers, laissant la vie sauve aux blancs. Au cours de ces journées, tous les soldats africains découverts par les Allemands sont systématiquement exécutés. La tuerie sera telle que sur 1 800 hommes, il y aura 1 333 morts et ce seront presque tous des Africains.
Un cimetière, appelé Tata sénégalais a été érigé par la suite à Chasselay, ne contenant que 188 corps, les autres victimes ayant été pour la plupart brûlées sur place. Mais à Lyon on se souvient surtout, quand on parle des désastres de cette guerre, des bombardements américains de 1944, ayant touché plus profondément la population lyonnaise, et qui ont fait, eux,
717 victimes.
Massacre de Thiaroye par l’armée française
Les problèmes continuent à la Libération, dès 1944. Les soldats français blancs et les “tirailleurs sénégalais" ne sont pas traités également. Les soldes, les promotions, les équipements, sont différents. D’énormes discriminations apparaissent pour les calculs des indemnités des prisonniers. Très souvent les prisonniers africains libérés se retrouveront sans équipement et sans argent. En novembre 1944, de nombreuses rebellions se produisent en plusieurs endroits, à Morlaix, à Hyères, à Versailles, et l’armée française décide un retour forcé en Afrique. La tragédie se déroule au Sénégal.
Le 21 novembre 1944, 1280 “tirailleurs sénégalais” sont débarqués à Dakar et sont réunis dans le camp militaire de transit de Thiaroye-sur-mer pour être démobilisés. On leur retire d’ailleurs les uniformes militaires qu’ils avaient pour les remplacer par une tenue plus ordinaire et c’est à ce moment-là qu’on les oblige de mettre le désormais bien connu chapeau rouge du mépris. Face à la désillusion devant les promesses non tenues par la France, les humiliations à cause de la couleur de la peau, et le racisme de la hiérarchie militaire au sein de l’armée française, ils insistent néanmoins pour réclamer leur solde.
Devant un nouveau refus, les tirailleurs se mutinent et le 1er décembre ils s’emparent d’un général, qui finit par leur promettre de régulariser la situation. Mais c’est un énorme mensonge !
En effet, à peine remis en liberté, ce même général, avec l’accord de sa hiérarchie, fait attaquer le camp par plusieurs unités de l’armée française appuyées par la gendarmerie ; alors même que les “tirailleurs sénégalais” sont en plein sommeil et complètement désarmés, ils sont massacrés dans cette nuit du 2 décembre 1944 vers 3 heures du matin.
On ne connaît pas le nombre exact de tués : 30 ? 60 ? 100 ? Des chiffres farfelus sont donnés. Les autorités françaises gardent le silence sur ce nombre et il n’y a jamais eu de commission d’enquête indépendante surcette affaire. Il semblerait qu’il y ait eu peu de survivants.
Comme si cela ne suffisait pas, bon nombre de ces survivants seront condamnés jusqu’à 2 et 3 ans de prison ferme pour "insubordination".
Certains sortaient des camps de concentration nazis !
Oui, les "tirailleurs sénégalais" ont payé très cher leur confiance en la France...
A voir : le film de Ousmane Sembene, « Camp de Thiaroye », 1988, 147 minutes, Sénégal - film censuré pendant de longues années par la France.
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A Thiaroye, en décembre 44, la France massacre des Africainsqui avaient combattu pour les Français |
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