S'identifier - S'inscrire - Contact


Les Roumains et les Bulgares sont les banlieusards de l’Europe

L’élargissement de l’Europe, avec l’adhésion de la Roumanie et la Bulgarie le 1er janvier 2007, a marqué une nouvelle étape. Ce dernier mouvement d’extension, présenté par toute l’élite proeuropéenne comme un
progrès autant inéluctable que souhaité, n’est pourtant accueilli par ces mêmes élites qu’avec menaces et restrictions envers nos nouveaux compatriotes européens.

Le 11 janvier dernier, le ministre français de l’Intérieur déclarait sans vergogne qu’il allait continuer à « éloigner » les roumains et les bulgares. Leur entrée dans l’Union ne devait rien changer à sa politique migratoire qui a, entre autres, consisté à « reconduire à la frontière » 3600 roumains en 2006 dont 700 environ via une quinzaine de « vols groupés » (Les bulgares, moins nombreux en France, n’ont eu droit « qu’à" deux charters).


Le 22 décembre 2006, Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs déjà édicté une circulaire ayant pour objet d’expliquer à ses préfets les nouvelles « modalités d‘éloignement des ressortissant bulgares et roumains ». On comprend facilement ses motivations : ne pas faire tomber sa moyenne de nombre de reconduites effectives. Une moyenne en chute libre risquerait, pense-t-il, de le faire chuter lui aussi dans les sondages !


Enfin, le tout récent projet de loi sur le « droit au logement opposable » présenté le 17 janvier, prévoit dans son article 9 l’exclusion du RMI, de la CMU et des prestations familiales les ressortissants communautaires « entrés en France pour y chercher un emploi et qui s’y maintiennent à ce titre ».

* *
L’attitude du gouvernement français entérine une Europe à plusieurs zones. En première avec tous les droits d’installation, de circulation et de travail : Les 15 anciens (Autriche, Danemark, Royaume-Uni, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Portugal, Suède) + Chypre et Malte. En seconde, 8 nouveaux de 2004 toujours soumis à la carte de séjour pour pouvoir travailler (Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie et Slovénie – Chypre et Malte).
Enfin la circulaire du 22 décembre crée la troisième zone : la Roumanie et la Bulgarie. Cette circulaire aurait pu s’appliquer à tous mais il est remarquable qu’elle ne vise que les roumains et les bulgares. La Turquie, candidate officielle, inaugurera-t-elle la quatrième zone ?


Cet acharnement contre les roumains et les bulgares confirme ce que sont les êtres humains du point de vue de l’Union : une force de travail ou rien. La circulaire (qui n’est qu’une transposition partiale de la directive européenne sur la liberté de circulation) est très explicite : tout ressortissant roumain ou bulgare qui ne travaille pas et qui devient une « charge déraisonnable » pour notre pays (avec tout le flou qu’entoure une telle notion) a vocation à être « raccompagné dans son pays » comme aime à le répéter l’euphémisme sarkozien pour camoufler ce que signifie réellement un renvoi par la force : arrestation, menottes, interrogatoire, enfermement, arrachement aux siens et humiliation. La préfecture de Bordeaux n’a pas attendu longtemps pour la mettre en œuvre en expulsant le premier communautaire roumain il y a quelques jours.


L’Europe affirme chaque jour son destin d’être l’union des patrons qui puise chez les nouveaux entrants, comme elle le fait depuis toujours dans les pays pauvres hors de ses frontières, la main d’œuvre dont ils
ont besoin, attisant ainsi la concurrence entre les travailleurs pour faire baisser les salaires et entre les entreprises pour accroître les profits.


Dans ce contexte, les tziganes de Roumanie et Bulgarie en feront les frais les premiers : cette chasse aux « inutiles » va se doubler d’une chasse raciste puisque plus pauvres, moins qualifiés et moins intégrés au marché du travail.


Des banlieues de l’Europe à la banlieue parisienne, les comités de soutien aux tziganes du 93 (Bagnolet, Montreuil, Saint-Denis, Saint-Ouen) n’admettent pas qu’il y ait en France des habitants de seconde zone et nous continuerons à nous battre contre ces inégalités.
Au niveau local ou européen le capitalisme n’a qu’une logique.


*Non aux expulsions hors de France.*
*Non aux expulsions intracommunautaires.*
*Non aux expulsions de terrain.*
*Des papiers pour tous les sans-papiers.*

Coordination des comités de soutien aux tziganes du 93, 26/01/07
rom93@no-log.org

Version imprimable | (Im)migrations | Le Lundi 29/01/2007 | Lu 996 fois



Centre média local de Seine-Saint-Denis

Centre média local de Seine-Saint-Denis (CML93), animé par Riv'Nord et Rapsode


Audios / Vidéos

Répertoire des productions audio et vidéo à écouter ou regarder en ligne