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Municipales et cantonales de 2008 : les télévisions locales en ordre de marche

Source: un article de Guy Pineau sur le site d'Acrimed

« Les médias, c’est profondément contemporain et synonyme d’influence » (Philippe Labro) [1]

La France est, selon l’expression répétée ad nauseam, en retard en matière de télévisions locales. Si leur reconnaissance juridique date de la loi de décembre 1985, pendant de longues années peu de télévisions de ce type [2]. Effet du vieil atavisme d’un centralisme audiovisuel hérité, notamment, de la période gaulliste ? Sans doute. Mais surtout de l’absence des conditions économiques qui assurent la viabilité de ces télévisions locales. Elles sont désormais réunies, mais grâce à d’inquiétantes concentrations capitalistiques qui favorisent de non moins inquiétantes dépendances politiques.


La PQR , craignant de voir lui échapper des investissements publicitaires indispensables à son fonctionnement, a freiné pendant longtemps la naissance des télévisions locales. Pourtant devant la perte de son lectorat, la presse régionale se résout depuis quelques années à investir les télévisions de villes. Après une période de gel, le dossier des TV locales est réactivé, avec, à partir de 2004, l’autorisation de diffuser, sur les stations locales, de la publicité pour la grande distribution jusque-là interdite. Il s’agit pour les patrons de ces médias de récupérer sur les télévisions de villes (et sur internet), un lectorat (surtout jeune) et les investissements publicitaires qui s’y investissent. Le revirement d’un François-Régis Hutin dirigeant du groupe Ouest-France est significatif : longtemps, un des patrons de presse des plus réticents à aller sur l’audiovisuel local, il bascule, en se portant acquéreur des titres de la dans l’Ouest, sur la télévision locale hertzienne Nantes 7. En effet, le groupe de Dassault, vendeur, détenait 49 % du capital [3].

La politique de constitution des grands ensembles de PQR en France favorise cet engouement pour les télévisions locale, dans la mesure où cette concentration permet « de mettre en œuvre des projets communs dans le domaine des gratuits, des télévisions locales, de réaliser des synergies, notamment au plan éditorial et du marketing » (Les Échos 13 février 2006). Cette visée porte un nom : le « cross-média », c’est-à-dire la possibilité de prendre appui sur l’ensemble du réseau de collecte d’information de façon à pouvoir diffuser une seule information quel que soit le support [4].

Cette mise en réseau des médias - TV, Radio, internet et presse écrite - est un credo partagé par qui se précise chez les propriétaires des médias, pour qui, selon les propos d’Arnaud Lagardère « Les journalistes doivent se considérer peut-être pas uniquement comme des journalistes de presse écrite mais comme des journalistes tout court d’information » [5]. Économie d’échelle, rationalisation de la collecte, rationalisation de la diffusion, rationalisation du personnel : , cette conception de l’industrialisation de l’information renforcera un peu plus la mono couleur – telle la Ford T noire du constructeur de Détroit [6] - du discours journalistique.

C’est dans ce contexte que le CSA a lancé des appels d’offre, d’abord sur l’analogique, puis, à partir des années 2006, sur la TNT. Des acteurs nationaux s’intéressent à ce qui apparaît comme un « nouveau marché », au premier chef les grands groupes de communication qui s’intéressent à des zones dont la densité sourit aux publicitaires. Ces grands groupes sont nés dans le contexte de la déréglementation, à partir des années 1980. Cette évolution, résultat d’une politique nationale et européenne conduite sous la pression de groupes publicitaires et de communication français, européens, voire nord-américains a marginalisé progressivement le service public de l’audiovisuel, en créant les conditions de la montée en puissance de médias encastrés dans des groupes industriels et financiers [7].


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http://www.acrimed.org/article2800.html

Version imprimable | Médias | Le Mardi 29/01/2008 | Lu 1179 fois



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