18h00 : Manifestation Unitaire au Métro Père Lachaise
20h00 : La Femme et le conflit armé et social en Colombie, dans la crypte de l'Eglise espagnole, 51bis rue de la Pompe, Paris 16ème, Métro Rue de la Pompe
Pour lutter contre la violence en Colombie qui atteint toutes les sphères de la vie civile, les femmes colombiennes insistent sur le lien entre la violence armée et la violence quotidienne exercée à leur égard et organisent la résistance contre l'ordre patriarcal à la base de cet esprit de guerre.
Un pays riche et violent :
La Colombie est un pays riche en ressources naturelles qui attire toutes les convoitises. La violence y est bien enracinée depuis plus de 50 ans mais elle atteint son sommet au début de siècle : 35.000 morts violentes
par an dont 10% sont des assassinats politiques et environ 40% sont des pertes lors d'affrontements militaires.
Une violence qui touche particulièrement les femmes :
Le pourcentage de femmes victimes de mort violente est d'environ 12 %, en progression par rapport aux années précédentes. Mais les souffrances des femmes ne peuvent se limiter à ce bilan. L'armée gouvernementale tout comme les milices privées sont les auteurs de nombreux viols organisés et multiples sur les femmes. C'est une stratégie de guerre dénoncée depuis des années par Amnistie Internationale.
Si les femmes sont relativement épargnées par les groupes armés, elles souffrent énormément quand elles perdent un mari, un frère, un fils, un parent ou un ami ou quand elles sont obligées de fuir leur habitation et
leur village. Aussi le pourcentage d'assassinats de femmes par les groupes militaires ne représente qu'un faible aspect de toutes les souffrances endurées par les femmes en raison de la militarisation et la violence de la société colombienne.
Lorsqu'elles deviennent actrices du politique et qu'elles cherchent à s'organiser et à organiser collectivement une existence souvent déstructurée par la violence, ce sont leurs enfants qui sont menacés : c'est une violence qui se décline au féminin et avec une intensité particulière qui les vise en permanence.
Les femmes s'organisent contre la violence
Les femmes colombiennes ont organisé un grand défilé depuis 1996 nommé La Ruta Pacífica (La Route Pacifique). Elles ont fait le lien entre les violences privées que les femmes subissent à la maison et les violences militaires. Au cours du défilé, elles ont dénoncé non seulement les violences à l'égard des femmes, mais aussi « la prétendue pacification du pays avec des projets de guerre ». Elles ont exigé que le dialogue et la négociation politique remplacent la guerre et la violence de toutes sortes commises par les hommes en armes. Elles assignent enfin à la Route Pacifique l'objectif de gagner l'opinion publique au concept d'une «neutralité active » qui met en question toutes les formes de violence et pour une société non-classiste.
Pour un dépassement d'une économie de guerre
Ce que les femmes colombiennes nous font savoir aujourd'hui les place à l'avant-garde de la réflexion féministe sur la nature de la violence. Pour elles, il n'y a pas de contradiction entre les violences privées que les femmes subissent dans la famille et la société et les violences militaires dont elles sont victimes de manière directe ou indirecte. Pour arriver à la paix, il faut transgresser les discours et les symboles dominants dans la société et désarticuler une économie de guerre dont elles sont actrices de premier ordre.
C'est pourquoi elles réclament ne plus faire d'enfant pour la guerre, ne plus se laisser caresser par quelqu'un qui a tué (renversant du coup les stéréotypes dominants qui sont à l'origine d'une économie de guerre: 'femme repos pour le guerrier'). C'est pourquoi elles réclament et agissent pour la constitution d'un grand débat public, depuis leur place de productrices dans la société, demandant la désarticulation des instruments de la guerre: « arrêtons d'alimenter les groupes armés ».
C'est ainsi que les femmes entendent détruire l'esprit de guerre et de violence qui règne en Colombie. C'est à partir d'une réflexion collective sur le rôle joué par chacun dans la violence qui frappe le pays et dont elles sont les premières victimes, une réflexion qui part de la cuisine et de la production de soins pour arriver à la sphère publique, que les femmes colombiennes réclament aujourd'hui un protagonisme qui sera essentiel non
seulement pour une issue politique et négociée du conflit armé et social, mais plus largement pour l'abrogation de toutes les formes de violence dans une société plus juste et égalitaire.
Site web : http://coordinadora.popular
Adresse mail : coordinadora.popular@gmail.com
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