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Sarkozy peine à refermer la polémique sur les sans-papiers

LE MONDE | 17.10.06 | 11h55

Dans un entretien diffusé sur France 2, lundi 18 septembre, mais enregistré trois jours avant, Nicolas Sarkozy a donné le chiffre "exact" et "final" des régularisations intervenues cet été au titre de sa circulaire du 13 juin : 6924 adultes sans papiers, parents d'enfants scolarisés, ont reçu une carte de séjour d'un an.

Le choix du ministre de l'intérieur de dresser le bilan de cette opération, non pas lors d'une conférence de presse, mais dans le cadre d'une émission préenregistrée et diffusée en deuxième partie de soirée, témoigne de toute évidence de son souci pressant de voir ce dossier clos au plus vite. "La parenthèse est refermée", résume d'ailleurs l'entourage du ministre et
président de l'UMP, candidat implicite à l'élection présidentielle.
Pour les associations et collectifs de soutien des familles, le compte n'y est pas. "Il y a bien eu un quota décidé par le ministre de l'intérieur au mois de juillet. Le choix opéré est un choix avant tout électoraliste, et certainement pas le choix d'examiner les dossiers dans l'intérêt des personnes", a dénoncé, lundi, Laurent Giovannoni, président de la Cimade. Il traduisait ce sentiment de tromperie fortement présent au sein des familles déboutées et chez tous les bénévoles qui ont les accompagnées dans leurs démarches.
Jean-Marie Le Pen a accusé M. Sarkozy d'avoir "feint d'imiter le programme" que lui-même défend. Les socialistes et les centristes ont relayé la colère des associations. François Hollande a dénoncé une "méthode détestable". "On a eu des régularisations fondées non pas sur des critères personnels, familiaux, mais sur des quotas", a déclaré le premier secrétaire du PS, lundi, sur France-Info. Mardi matin, Ségolène Royal, candidate à l'investiture du PS pour 2007, a renchéri en accusant le ministre de l'intérieur de "mensonge public".
Pour François Bayrou, aussi, les chiffres annoncés par M. Sarkozy "posent deux questions : la première est celle de la fixation, avant examen du dossier, du nombre de personnes qui seront régularisées". "A quoi sert, dans ces conditions, l'examen prétendument au cas par cas ?", questionne le président de l'UDF, interrogé par Le Monde. "L'autre question, ajoute-t-il, est : que va-t-on faire des 23 000 personnes déboutées ? Puisqu'on annonce déjà qu'elles ne seront pas expulsées, on crée une situation de sans-papiers durable, troublante et problématique."
Pour Arno Klarsfeld, médiateur national dans cette opération de régularisation, il est "évident" que les familles déboutées "ne vont pas toutes être expulsées". Elles n'en vivent pas moins avec la peur de l'être.
Et les expulsions ce week-end de deux pères de famille, anciens squatters de Cachan, l'interpellation d'un autre, lundi, sur le chemin de l'école ne sont pas faites pour les rassurer.
Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 20.09.06
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-814415@51-824337,0.html

Version imprimable | Politique | Le Vendredi 20/10/2006 | Lu 495 fois



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