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Témoignages de Oaxaca la rebelle

Publié dimanche 29 octobre 2006

Des lyonnaises suivent attentivement les mouvements sociaux qui secouent depuis le printemps l' Etat mexicain de Oaxaca où ce qui était au départ une grève d'enseignants s'est transformée rapidement en insurrection populaire. Voici quelques témoignages anonymes d'habitants de Oaxaca, écrits les 14 et 15 juin 2006 (et traduits depuis peu), suite à la première répression du mouvement de grève, qui deviendra l'APPO . Après des heures de courses poursuite entre gaz et pierres, des litres de citron pressé, on marche... un papier et un crayon... la parole est à ceux qui ne l'ont pas. - « Dans la ville de Oaxaca, nous sommes en train de nous unir, enseignants, élèves de différentes écoles et parents d' élèves qui, même si nous n'avons rien à voir avec le mouvement (ndt : enseignant), sommes unis pour arrêter le gouvernement fasciste qui jour après jour empêche qu'il y ait une meilleur éducation (formation) et qui cherche à nous imposer des tas de conneries à travers la télévision. Mais moi, en tant que membre de ce peuple en décadence, alors que j'ai 17 ans, je me joins à cette lutte parce que je sens au plus profond de mon coeur qu'ils attaquent mes racines. Ici, aujourd'hui, le gouvernement de Ulises Ruiz Ortiz à Oaxaca a attaqué avec des bombes, des armes et des gaz toxiques. Mais même avec les yeux brûlants, et alors que des camarades ont des enfants en bas âge, on sent qu'on est entre le marteau et l'enclume, on ne peut rien faire. Je pense que nous devrions tous nous unir à cette lutte, et voici quelques mots d'ordres : « Zapata vit, la lutte continue », j'ai des pensées libérales comme celles du Che Guevara « peu importe la vie d'un être humain, lorsque c'est le reste de l'humanité qui est en danger ». Avec un salut, depuis Oaxaca pour la France. » « Le Syndicat National des Travailleurs de l'Éducation du Mexique, regroupés dans la section 22 de Oaxaca, ont maintenu une grève avec un campement durant 24 jours en réclamant une augmentation de salaire, la fin de la réforme de l?éducation secondaire orchestrée par la droite de Vicente Fox . Aujourd?hui, mercredi 14 juin à 4 heure et demie du matin, nous, les enseignants du Oaxaca nous avons fait l'objet d'une répression, nous avons été expulsés de notre campement par la force d'un millier de policiers envoyés par le gouverneur Ulises Ruis Ortiz, du parti politique PRI qui est au pouvoir dans le Oaxaca depuis 70 ans. Néanmoins, les enseignants ont pu surpasser cette situation, ont réagi contre la police et ont repris le centre de la ville avec des pierres et des bâtons. Il y a eu plusieurs blessés au sein des enseignants, par balles et par grenades, et 12 ont été arrêtés. » - « Les enseignants de Oaxaca se prononcent contre la répression menée par le gouverneur Ulises Ruiz Ortiz qui a abouti au recours aux forces de l?ordre en violant l'État de droit, et en passant par-dessus les citoyens, ce qui laisse penseur sur ce qui passerait si des groupes plus petits réclamaient leurs droits. Cet acte de violence, ainsi que les faits de San Salvador Atenco , est un signal d'alerte dans le pays. » - « Je suis un travailleur de l'éducation, et aujourd'hui nous avons pu voir avec tristesse que les policiers qui ont réprimé notre mouvement sont de la chair à canon, ils ont été envoyés sans protection, avec des casquettes et des bâtons. La répression et l'absence de capacité du gouvernement pour répondre à nos revendications ont mené aujourd'hui à un acte d'agression contre nous. Il y a de la peur et de l'angoisse à cause des événements dans le pays, où des répressions ont été réalisées en ayant recours à la force. Mais malgré cela, les enseignants du Oaxaca, nous continuons notre combat pour les années et les générations à venir. Nous ne cesserons de lutter car nous avons des convictions et nous ne cesserons de maintenir l'espérance. » - « En ce moment, nous voyons l'action du gouvernement, une action fasciste, autoritaire, qui n'a pas la capacité de résoudre le problème. Oaxaca vit des moments d'angoisse, de peur, tout cela à cause de ce gouvernement. Il n'est pas possible que même les enfants doivent payer pour toute cette violence. Nous demandons la démission immédiate de Ulises Ruiz Ortiz. » - « Tout cela me semble une injustice, une injustice vers le peuple, car le gouvernement est inefficace, il ne sert à rien, et ce sont des gens innocents qui paient les conséquences. Nous n'en pouvons plus du fait que le gouvernement nous piétine. Ya basta. » - « La répression a toujours existé à Oaxaca, en partie à cause du gouvernement du PRI. Je pourrais rendre compte de tant d'atrocités, comme la militarisation de la Sierra de Loxicha . Aujourd'hui il y a une crise avec les enseignants. Je suis d'accord avec eux, parce que leurs revendications sont justes. Il est inconcevable qu'alors que nous sommes un des états les plus riches en ressources naturelles, que nous ayons un tel indice de pauvreté. Ça suffit, nous voulons un gouvernement juste. À bas la répression ! Démission du gouverneur ! Para todos todo. Pour un Mexique libre. » « L'injustice commence lorsque le gouvernement néolibéral, dans sa volonté de conserver le pouvoir, réprime les travailleurs qui constituent la classe majoritaire. Notre idéologie est fondée sur la lutte sociale qui regroupe les secteurs les plus durement touchés de la société, c'est-à-dire les pauvres. Aujourd'hui 14 juin, nous avons souffert dans notre propre chair l'injustice et la répression d'un État qui maintient le silence et n'arrive pas à comprendre la dimension de la force. Aujourd'hui le gouvernement d'Ulises Ruiz a assassiné 2 enseignants et 2 enfants. » - « Ce mouvement des enseignants a commencé en 1980. Depuis lors nous luttons pour des revendications justes liées à notre travail. Depuis lors et jusqu'à aujourd?hui, nous avons avancé dans nos revendications, malgré les attaques que nous avons subies où il y a eu des morts, des disparus, des gens arrêtés et des violations de tout genre. Les événements d'hier, 14 juin 2006, ont commencé avec des rumeurs, avant 9 heures du soir, selon lesquelles le campement allait être détruit, raison pour laquelle nous avons renforcé la surveillance. Malgré cela l'action de la police a commencé vers 4 heures du matin, avec des grenades et des bombes lacrymogènes lancées à la main, avec des armes et depuis un hélicoptère. Nous avons tous tenté de nous protéger et après la première surprise, nous avons commencé la contre-attaque, et la police s'est rétiré après 5 heures d'affrontements avec les enseignants. Il y a eu 18 blessés, et 4 morts, dont 2 enfants à cause de l'ingestion des gaz. Malgré cela nous sommes revenus aujourd'hui et nous continuons le combat, parce que nos demandes sont pour nos écoles, et jusqu'à aujourd'hui cela fait 25 jours que nous sommes en lutte sans qu'il n'y ait de solution. Nous continuerons ! - « Aujourd'hui, un jour après l'attaque, nous nous préparons pour des attaques encore plus fortes. Eux ils attaqueront avec 4 avions supplémentaires, avec des policiers, et des blindés avec des soldats. Mais les camarades qui nous rejoignent et les gens du peuple qui nous appuient sont chaque fois plus nombreux. Nous ne sommes plus seuls. Si eux nous attaquent, nous saurons nous défendre. Dans notre lutte, aucun pas en arrière ! Hasta la victoria, siempre ! » Les autres articles de Rebellyon sur l'insurrection à Oaxaca : "Un desalojo violento" À Oaxaca (Mexique) c'est la rébellion populaire, et contre la répression la lutte continue ! Nouvelle répression mortelle au Mexique, à Oaxaca Un peu plus d'explications et la "Déclaration du peuple d?Oaxaca" sur legrandsoir.info et "Oaxaca, appel à la société civile nationale et internationale " sur samizdat.net - Enfin, vous pouvez écouter en ligne la radio de l'APPO (Asamblea Popular del Pueblo de Oaxaca).

Version imprimable | International | Le Dimanche 05/11/2006 | Lu 472 fois



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