http://www.indigenes-republique.org/article.php3?id_article=503
Un racisme post-colonial, par Saïd Bouamama et Pierre Tevanian
Extrait du livre collectif "Culture post-coloniale"
lundi 23 octobre 2006
Après Culture impériale et Culture coloniale, Nicolas Bancel et Pascal
Blanchard publient aux éditions Autrement un troisième volet intitulé
Culture post-coloniale. Comme son nom l’indique, ce livre collectif traite
des multiples manières dont le passé colonial de la France « marque en
profondeur » le présent, dans des champs aussi divers que la « coopération
», la « francophonie », les « politiques d’immigration » et «
d’intégration », l’aide humanitaire, le « tourisme ethnique », la culture
de masse ou encore les débats sur « la mémoire collective ». Nous en
proposons un extrait : sollicités pour répondre à la question « Peut-on
parler d’un racisme post-colonial dans la France de 2006 ? », Saïd
Bouamama et Pierre Tevanian ont répondu par l’affirmative, en précisant
pour quelles raisons et en quel sens.
À la question « Peut-on parler d’un racisme post-colonial ? », nous
répondons par une autre question : Comment peut-on ne pas en parler ?
Comment peut-on parler des formes contemporaines du racisme sans évoquer
deux de ses principales généalogies : les systèmes esclavagiste et
colonial ? Comment peut-on nier qu’existe aujourd’hui un profond racisme
qui trouve son fondement dans des institutions, des pratiques, des
discours et des représentations qui se sont élaborées dans le cadre de
l’empire colonial français ? Comment peut-on le nier, par exemple, alors
que les enquêtes d’opinion mettent en évidence une forme de mépris ou de
rejet spécifique, plus fort et plus durable, à l’encontre des immigrés
originaires de pays colonisés ? De ces enquêtes [1], il ressort en effet
que, depuis plusieurs décennies, deux phénomènes sont observables : d’une
part, les vagues d’immigration les plus récentes sont toujours les plus
dépréciées, les plus craintes ou les plus méprisées, tandis que le temps
dissipe peu à peu cette crainte et ce mépris ; d’autre part, les immigrés
issus de pays anciennement colonisés, notamment d’Afrique, font exception
à cette première règle. En d’autres termes, il convient de distinguer le
stigmate xénophobe, qui n’existe sous une forme exacerbée que pour les
nouveaux arrivants, et le stigmate raciste, qui cristallise des
représentations beaucoup plus profondément enracinées, et qui par
conséquent ne perd pas - ou très peu - de sa force avec le renouvellement
des générations et leur enracinement en France. Si les immigrants
italiens, polonais, arméniens ou portugais ont pu être, à leur arrivée en
France, l’objet de discours infâmants et de mesures discriminatoires d’une
grande brutalité, souvent comparables par leur forme et par leur violence
à ce que subissent aujourd’hui les immigrants post-coloniaux [2], il n’en
est pas allé de même pour leurs enfants, et moins encore pour leurs
petits-enfants. On ne peut pas en dire autant des enfants d’immigrés
maghrébins ou noirs-Africains, seuls condamnés à l’appellation absurde -
mais éloquente politiquement - d’« immigrés de la deuxième ou troisième
génération », et aux discriminations qui l’accompagnent.
Recherche. Retour à la page d'accueil d'un clic sur le titre du blogArchives. Le journal des infos selon RN
|
Un racisme post-colonial, par Saïd Bouamama et Pierre TevanianExtrait du livre collectif "Culture post-coloniale" |
Riv'Nord4 activités + un contact Centre média local de Seine-Saint-DenisCentre média local de Seine-Saint-Denis (CML93), animé par Riv'Nord et Rapsode Audios / VidéosNuage de mots-clés des articles
|