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Coordination Nationale des Sans Papiers
REGULARISATIONS MASSIVES
L'Allemagne vient de décider la régularisation de 200 000 étrangers sans papiers, dont la demande d'asile avait été rejetée et qui n'ont pu être expulsés, pour des « raisons humanitaires ». Ils auront désormais un permis de séjour de 2 ans, s'ils sont en Allemagne depuis 8 ans, 6 ans et/ ou s'ils ont des enfants. Durant ces 2 ans, ils devront trouver un travail, et subvenir à leurs besoins, comme l'explique Wolfgang Bosbach, de la CDU, qui insiste sur une immigration intégrée au tissu social. Pour Dieter Wiefelspütz, du SPD, « renvoyer dans leur pays d'origine ces enfants, dont les parents n'avaient pas obtenu l'asile, aurait été tout simplement inhumain. C'est un point de vue commun de la CDU et du SPD, et nous avons finalement trouvé le bon compromis, dit-il. Ca a été une longue bataille pour y arriver ».

Auparavant l’Espagne, l’Italie, la Belgique avaient opéré à des régularisations massives. Certes ces régularisations massives sont insuffisantes. En Allemagne, on estime à 1 millions le nombre de sans papiers. Certes ces régularisations massives ont des motivations « utilitaristes » économiques et démographiques. En effet, les besoins en main d’œuvre, malgré le chômage massif, dans des secteurs précis comme le bâtiment, l’agriculture, le gardiennage, la restauration, le nettoyage, et voire en médecins, en infirmier(e)s, en informaticien(ne)s. Les démographes projettent aussi que les besoins en main d’œuvre pour remplacer une population vieillissante vont même aller croissants dans les pays de l’OCDE, notamment en Europe. En outre, le vieillissement inévitable vu la longévité de l’espérance de vie crée déjà des emplois dont les besoins en main d’œuvre jeune ne peuvent être satisfaits par la faible natalité dans les mêmes pays.

« L’utilitarisme » économique et démographique est le fondement matériel des politiques xénophobes, du traitement colonial de la question de l’immigration dans les pays puissants et riches du Nord, notamment en Europe. « L’utilitarisme » politique consiste dans les mêmes pays à l’instrumentalisation électoraliste de la part de la classe politique dans le but de chasser sur les terres électorales des partis fascistes et racistes et de diviser les travailleurs en distillant en leur sein le poison de la xénophobie, du nationalisme raciste et chauvin.

La CNSP dénonce avec vigueur ce double « utilitarisme » à la fois économique, démographique et politique. Toutefois, force est de constater que la France, pays où la lutte des sans papiers a démarré et se poursuit, est la dernière de la classe Européenne en matière de régularisation massive. Cette place honteuse de dernier de la classe trouve son explication dans la lepénisation d’une classe politique, droite et gauche confondues, qui en est réduite à se défausser mensongèrement sur son propre peuple pour échapper à l’inévitable régularisation massive. En effet, les chiffres suivants sont un démenti sans appel à ces allégations irresponsables des politiciens lepénisés : il y a environ 600.000 sans papiers, soit 0,89% de la population à régulariser ; ils sont 25.000 « boat people » candidats en pirogue au cours de cette année 2006 à venir échouer sur les rives des Iles Canaries; Plus de 90% des 250 millions des immigré(e)s dans le monde émigrent vers d’autres pays du Sud, seuls moins de 10% émigrent dans les pays riches d’Europe et des USA/Canada/Japon, dont les multinationales sont à l’origine des causes profondes et structurelles de l’émigration par le pillage des richesses des pays du Tiers Monde ; 73% plus 12%, ce qui fait 85% des français, c’est à dire 3% de plus que le score de Chirac lors du second tour de l’élection présidentielle le 5 mai 2002 contre J.M. Le Pen chef du parti fasciste français, sont pour une régularisation massive (sondage récent).

Fait à Paris le 28/11/06