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Là-bas hebdo No 13

Entre le 18 juin 2006 et le 8 juillet 2006, vous avez été plus de 200 000 à signer la pétition « Sauvons là-bas », soit 10 000 par jour pendant 20 jours. Un record inégalé. A ces Auditeurs Modestes et Géniaux nous adressons chaque semaine (ou presque) un rappel du programme de la semaine à (ré)écouter, ainsi que quelques nouvelles du front.




Chers amis,

Chers amg,



Bolcheviiiiiiiik !!!


C’était le mot unique du message que laissait une auditrice sur le répondeur de l’émission. Une auditrice ou un auditeur, impossible de distinguer tellement le ton était furibard. C’était au début des années 90, il suffisait que l’on évoque le chômage, une grève ou un brin de perplexité devant la félicité promise par la mondialisation, pour que la voix retentisse sur le répondeur. Elle criait tout haut ce qui était écrit sur les étiquettes que certains nous collaient alors avec plus ou moins de tendresse, « Alternatifs, Marginaux, Atypiques, Gauchistes, Cautions, Alibis etc… ». Mais, après tout, la condescendance valait mieux que l’indifférence. Et puis tous les auditeurs n’étaient pas aussi réducteurs. Bref, faire c’est faire avec. Et nous fîmes avec. Même lorsqu’en dépit du succès (ou plutôt à cause du) nous avons été relégués à une scène plus étroite dans une salle réduite de moitié.

Mais aujourd’hui ne serions-nous pas en train de perdre le public qui nous reste ? Si la question se pose c’est qu’il y a eu des choses étranges la semaine passée dans Là-bas. Deux sujets d’émission ont suscité un grand émoi parmi les AMG, des chasseurs et des patrons ! Oui vous avez bien lu, le lundi c’est à des chasseurs de palombe à qui la parole était complaisamment offerte par Antoine Chao, le mercredi c’était des patrons qui avec François Rufin se prélassaient sur les ondes nationales ! Incroyable, non ?

Certes les chasseurs étaient de braves chasseurs respectueux de la nature et pointilleux sur le nombre de « prélèvements » effectués parmi les volatiles, certes les patrons étaient de braves patrons qui dénonçaient la mondialisation économique et fustigeaient les fonds d’investissement qui détruisent les entreprises et les emplois par milliers. Mais tout de même, c’était des patrons, mais tout de même c’était des chasseurs. Et il y a eu le feu dans le répondeur. « Révisionnistes ! Sociaux traîtres ! charognards, Segolenistes ! » Les insultes fusèrent, « Faux alternatifs, dissidents bidons ! ». De quoi se poser des questions.

Déjà depuis quelque temps, nos adversaires ramollissent. Alexandre Adler ne daigne plus nous insulter, ceux qui collaient anonymement des tracts la nuit dans les couloirs pour nous dénoncer, ont découvert d’autres loisirs, Charlie Hebdo ne dénonce plus « Serbie inter », Alain Finkielkraut ne va plus au tribunal pour réclamer impérieusement la condamnation de Daniel Mermet.

Alors ? Coup de fatigue ? Lassitude ? Ne serions nous pas insensiblement en train de passer sous la bannière des PCPE ?(*) verrons-nous bientôt s’éloigner les derniers amis de notre petit canton médiatique ?

A la réflexion nous finissons par nous voir confrontés à un mystère qui dépasse bien largement une émission de radio fut elle aussi modeste et géniale : la question de la soumission à l’autorité. Comment avons-nous accepté cette image marginale, allant même jusqu’à la revendiquer ? En règle générale, d’où nous vient cette souplesse d’échine qui nous fait accepter la portion congrue attribuée par le maître ? Ah, voyez comme nous lui sourions au bout de notre laisse devant la niche qu’il daigne nous accorder! Or nous sommes majoritaires ! Bolchevik en russe signifie majoritaire et majoritaires nous sommes. Pas toujours certes, mais bien souvent . Des exemples ? Prenons quelques thèmes que nous avons abordé : les OGM, le CPE, le Kosovo, Chavez et le Venezuela, la critique des médias, la guerre en Irak, le referendum européen etc…Chaque fois nous étions avec la majorité de l’opinion. Pas toujours au début, et même rarement, mais chemin faisant nous nous sommes retrouvés très souvent avec l’opinion majoritaire. Si le pouvoir envoie ses CRS matraquer les Faucheurs Volontaires ou les étudiants en lutte contre le Contrat Première Embauche, les médias ont tendance à faire oublier qu’une large majorité de l’opinion soutient ces luttes. Lorsque, à contre courant, nous mettons en doute la mise en scène de l’Otan autour du Kosovo, l’opinion finit par découvrir l’énorme médiamensonge dont elle a été le jouet. Face à la critique cinglante des médias dont nous nous faisons l’écho (Bourdieu, Halimi, Pierre Carles, Acrimed, François Ruffin, etc…) la médiacratie campe dans un silencieux mépris, mais là aussi, la majorité de l’opinion exprime défiance et rejet croissants. Et ainsi de suite. Aucune vantardise dans tout ça, aucune fanfaronnade, nous essayons de faire le meilleur usage possible de la formidable liberté qu’autorise l’indépendance financière dont bénéficie Radio France. Certes il n’en va pas de même de l’indépendance politique et lorsque les Français disent Non au projet de referendum européen en mai 2005, nous sommes montrés du doigt pour avoir participé à ce crime de lèse-majesté contre le pouvoir médiatico-politique.

On pourrait continuer de donner des exemples. Mais le mystère restera entier. Un mystère en trois questions :

- Par quelle processus une majorité oublie qu’elle est la majorité, comment accepte-t-elle de se soumettre à la minorité au pouvoir tout en sachant qu’elle n’est pas légitime ?

- Comment la minorité au pouvoir a-t-elle réussi à conquérir le pouvoir et à s’y maintenir en dépit de ses échecs et des désastres sociaux, économiques, environnementaux et culturels dont elle est responsable ? Comment parvient-elle à faire croire à la majorité qu’elle est minoritaire et marginale ?

- Combien de temps encaisserons-nous encore ?


En attendant, comme disait Sally Mara lors de la prise du Palais d’Hiver, « Tiens bon la rampe ! »

Là-bas


* PCPE, Pas de Couille Pas d’Embrouille.

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P.S. Plus de 12 000 visites en une semaine pour le premier diaporama sonore de là-bas !
Bravo, merci ! D’autres sont déjà en préparation.



NOUVEAU

Faites-nous partager vos réactions aux émissions de Là-bas si j’y suis en nous écrivant à partir des formulaires prévus à cet effet (en bas des pages de chacune des émissions).


Le lundi 27 novembre - Eric Hazan : Notes sur l’occupation (version longue)

EXCLUSIVITE AMGs! La « version longue » de l’entretien avec Eric Hazan, auteur de Notes sur l’occupation : Naplouse, Kalkilyia, Hébron, aux éditions La Fabrique.

Prises pendant les mois de mai et juin 2006 en Cisjordanie, ces notes relatent la violence quotidienne que subit tout un peuple. « Il n’y a pas (…) de conflit "israélo-palestinien", il y a un peuple qui essaie de résister comme il peut aux colons et à l’armée ». Dans la rue, sur les marchés, au sein des familles de prisonniers, auprès des responsables politiques, ce reportage explique le fonctionnement de cette machine que représente l’occupation.


Le mardi 28 novembre - La chasse à la palombe

Scandale ou tradition ? Grand rituel ou dernière des barbaries ? La chasse reste cet instant d’hésitation qui s’empare de l’homme face à l’animal… et puis, la chasse est avant tout un « chauffe-répondeur » assuré !


Le mercredi 29 novembre – Les patrons contre la finance

« Trop de charges, trop de réglementations » ? Voilà la voix du MEDEF. Pourtant, derrière Laurence Parisot, des centaines de petits patrons portent une autre parole : « Stop à la finance qui sape les emplois ! stop aux fonds de pension qui détruisent l’industrie ! »



Le jeudi 30 novembre – Un rouge dans la vallée

« Clandestin » italien, Mino Faïta est arrivé à Cluses à 14 ans. C’est dans ses boîtes de décolletage qu’il a travaillé, lutté, et qu’il a « donné un sens à sa vie »... en devenant prof d’histoire. Cette vallée lui a « laissé sa chance », raison de plus pour sauver une industrie qui a intégré des générations d’étrangers.


Le vendredi 1er décembre – Oaxaca

A Oaxaca, l’Etat le plus pauvre du Mexique, rares sont ceux qui sont entrés dans les salons feutrés du « premier monde » que l’on promettait au pays alors qu’il signait un traité de libre-échange avec les Etats-Unis.

Pour eux, quand le gouverneur Ulises Ruiz décide de répondre par la violence aux revendications des enseignants, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : la corruption ? « Basta ». La misère ? « Basta ». La violence ? « Basta ».

Les enseignants sont rejoints pas les paysans, les indigènes, les mouvements ouvriers, les étudiants. Les yeux rivés vers la France (de 1871), ils s’organisent en Commune.

Six mois que dure le mouvement et toujours pas de « figures médiatiques », mais un collectif. Toujours pas de « leader », mais des assemblées. Toujours pas de « consignes », mais des discussions.

Alors qu’en France… (celle de 2006), on dit que c’est impossible ?


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Version imprimable | Médias | Le Mardi 05/12/2006 | Lu 1142 fois



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