Nous avons reçu ce communiqué de la Coordination des Intermittents et Précaires, que nous vous livrons tel quel.
Nous,
chômeurs, salariés précaires et intermittents, occupons depuis 19h le
siège de l'UNEDIC à Paris, au 82 rue de Reuilly, M°Montgallet afin
d'interpeller les responsables de la précarisation.
Nous ne sommes pas des variables d'ajustement
Depuis
30 ans, chômage de masse et discontinuité de l'emploi déterminent -
provisoirement ou dans la durée- les parcours de la quasi-totalité des
salariés (80% des embauches se font désormais en CDD). Cette alternance
de périodes de chômage, de formation et d'emploi s'accompagne d'une
fragilisation inacceptable de ceux qui la vivent. Ainsi, alors que l'on
glose sur une « sécurité sociale professionnelle » supposée venir
remédier à l'incertitude qui marque désormais la vie des salariés, l'un
des derniers dispositifs qui assurait une continuité de droits à des
salariés à l'emploi discontinu, le régime d'indemnisation chômage des
intermittents, est en butte depuis près de 4 ans à une entreprise de
destruction.
Les discours publics énoncés lors de la
campagne électorale passent sous silence ces questions sociales
fondamentales - qu'on pense aux révoltes d'octobre/novembre 2005 et au
« mouvement anti-CPE » du printemps dernier !- ou y répondent par
l'invocation vertueuse à « réhabiliter le travail ». Derrière la «
réhabilitation du travail », c'est encore la dégradation des conditions
vécues par les travailleurs qui se profile, comme avec le RMA, « emploi
aidé » pour lequel l'allocation RMI est directement versée à
l'employeur. Ces proclamations de bonnes intentions visent en fait à
stigmatiser davantage des millions de précaires et de salariés, «
assistés » ou insuffisamment productifs. Elles préparent le terrain
pour de nouvelles et dramatiques régressions en matière de droits
collectifs, tandis que profits et inégalités explosent.
Caricature
d'un dialogue social privatisé et technocratique, le paritarisme qui
régit l'assurance-chômage refuse d'accorder voix au chapitre aux
premiers concernés. Or cette institution doit des comptes aux millions
de salariés qui la financent, souvent sans ouvrir de droit à
indemnisation en cas de chômage (plus de la moitié de chômeurs ne sont
pas indemnisés). Sous prétexte de déficit, chacune de ses « réformes »
a été nuisible aux ayants droits, encourageant l'acceptation de
n'importe quel emploi dans n'importe quelles conditions.
Déficit de quoi ? Déficit de démocratie
La
Constitution de ce pays stipule que « la société doit à chacun de ses
membres des moyens convenables d'existence », force est de constater
qu'il n'en est rien : on va jusqu'à présenter les allocataires du RMI
comme des parasites voués à l'indignité, sans jamais indiquer, par
exemple, qu'un tiers de ces allocataires aux faibles salaires
occasionnels sont en fait des travailleurs pauvres. Sous couvert
d'insertion, l'inflation d'une rhétorique des devoirs et la
prolifération des modalités de contrôles accompagnent le reflux des
droits sociaux.
Afin de déposséder plus encore les
salariés, on leur dénie toute compréhension de leur propre situation.
L'appel constant aux « experts » a pour fonction de légitimer des
décisions d'autant plus « difficiles » qu'elles s'attaquent au plus
grand nombre (chômage, retraite, santé). On fabrique donc l'ignorance
et, tout comme le dénombrement des chômeurs fait l'objet de
manipulations (cf. la non-publication des statistiques INSEE), l'Unedic
tient mordicus à son fonctionnement parfaitement opaque (jusqu'à
interdire à des chercheurs indépendants l'accès à ses données, comme ce
fut le cas lors de l'enquête de la coordination des intermittents et
précaires).
Aggravant celui de juin 2003, un second
protocole Unedic régissant les annexes VIII et X de l'assurance-chômage
qui développe aléas, inégalités et exclusion à l'encontre des
intermittents entre en application, nous refusons que des droits
capitalisés avantageant les plus employés et les mieux payés mettent
fin à toute mutualisation. Pour limiter l'insécurité sociale due au
chômage et à la discontinuité de l'emploi, il faut instaurer une
continuité de droits, chaque jour chômé doit être indemnisé.
Tout
en radiant massivement des chômeurs, on ose nous promettre une énième
fois le « retour au plein emploi » ; nous voulons que soit publiquement
établie l'ampleur réelle du chômage et de l'emploi précaire. Une
refonte de l'indemnisation du chômage doit être débattue par les
partenaires sociaux. Un tel enjeu ne doit pas être confisqué mais faire
l'objet d'un réel débat public et contradictoire. L'Unedic doit
autoriser l'accès aux données qu'elle détient.
Nous
appelons l'ensemble des concernés, salariés en poste, au chômage ou en
formation, à venir soutenir l'action en cours et à organiser, partout
où c'est possible, des actions collectives là où se décident notre sort.
Paris, le 24 avril 2007.
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Occupation du siège de l'UNEDICAttention fragile : précaires, intermittents, chômeurs, non à la précarisation |
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